Les alliances au service de la résilience pour renforcer l’adaptation au climat

Par Diana Maria Quimbay Valencia,
Directrice nationale, Rainforest Alliance

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La crise climatique figure aujourd’hui au premier rang des priorités politiques mondiales. De la décarbonation à la réduction de la pollution plastique en passant par la protection des ressources naturelles, l’urgence de la tâche est évidente. Il est désormais temps d’agir.

Or, l’action mondiale en faveur du climat reste déséquilibrée sur le plan des mesures d’adaptation et d’atténuation. L’atténuation des effets néfastes des changements climatiques vise à limiter ces derniers au travers de la réduction des émissions mais aussi à assurer la transition vers un monde plus durable. L’adaptation aux changements climatiques consiste à donner aux personnes et aux communautés les moyens de gagner en résilience face aux effets des changements climatiques observés actuellement. Elle repose essentiellement sur des mesures visant par exemple à construire des murs anti-inondation, à diversifier les cultures et à mettre en place des systèmes d’alerte précoce pour faire face aux événements climatiques extrêmes.

À l’heure actuelle, la majeure partie des financements est destinée à l’atténuation des effets des changements climatiques, une question centrale dans les discussions sur les politiques à mener. Néanmoins, alors même que les effets des changements climatiques s’intensifient, il nous faut également renforcer les mesures d’adaptation et accroître la résilience des producteurs, des communautés et des territoires. En nous appuyant sur des cadres solides et une stratégie juste et équitable en matière de finance climat, nous serons en mesure de faire face plus efficacement aux changements climatiques et de mettre le monde sur une voie plus durable.

De meilleurs outils pour les exploitants agricoles vulnérables

Les exploitants agricoles d’Amérique centrale et d’Amérique du Sud (et du monde entier) sont déjà confrontés aux effets des changements climatiques : saisons de croissance plus courtes, précipitations imprévisibles, recrudescence des maladies et parasites affectant les cultures et baisse des rendements. Faute de mesures audacieuses en faveur du climat, le café et les bananes pourraient à l’avenir être considérés comme des denrées rares. Les moyens de subsistance et le bien-être des communautés agricoles sont également particulièrement menacés. Afin d’accroître leur résilience, il est indispensable de se concentrer sur les populations les plus vulnérables. Les petits exploitants agricoles, en particulier les femmes, les minorités ethniques et les personnes ayant un accès limité aux ressources, doivent faire face à l’impact disproportionné des changements climatiques et disposent souvent de moyens limités pour y parvenir.

Fondée il y a plus de 37 ans, la Rainforest Alliance a pour objectif de lutter contre la déforestation, renforcer la biodiversité et promouvoir les bonnes pratiques agricoles. Dans le cadre de nos objectifs globaux, nous restons à l’écoute des besoins des communautés agricoles et sylvicoles et nous les aidons à s’adapter aux changements climatiques en leur proposant des solutions naturelles et résilientes. Cela implique d’identifier et de comprendre les risques climatiques ainsi que les différents degrés de vulnérabilité, et d’établir et de mettre en œuvre des stratégies d’adaptation répondant aux besoins spécifiques des groupes les plus vulnérables, tout en veillant à ce que ces derniers ne soient pas laissés pour compte.

En dotant les exploitants agricoles des connaissances, des outils et des ressources nécessaires pour s’adapter à l’évolution des conditions environnementales, nous contribuons à renforcer leur résilience. Dans cette optique, nous mettons en œuvre des stratégies d’agriculture régénératrice et intelligente face au climat, d’agroforesterie, de gestion communautaire des forêts et de restauration des forêts, dans le cadre desquelles les exploitants agricoles peuvent apprendre des techniques durables qui améliorent les rendements et limitent leur incidence sur l’environnement, notamment grâce au passage aux engrais organiques, à l’abandon des pesticides toxiques au profit de pesticides et d’intrants chimiques autorisés, à l’adoption de pratiques régénératrices et de conservation des sols, et au recours aux sources d’énergie renouvelables.

Par ailleurs, nous sommes conscients que cette démarche de durabilité est complexe et exigeante. C’est pourquoi nous plaidons pour une responsabilité partagée au niveau des d’approvisionnement agroalimentaire. Nous encourageons les consommateurs à reconnaître l’engagement des producteurs en faveur de la durabilité lorsqu’ils achètent des produits certifiés Rainforest Alliance. Le partage des responsabilités est essentiel pour favoriser un sentiment d’engagement collectif qui nous concerne toutes et tous et réaliser que les pratiques durables et les efforts de collaboration sont le seul moyen de préserver notre environnement.

Un engagement collectif

Nous croyons fermement au pouvoir des alliances. Face à des enjeux complexes, la collaboration peut faire toute la différence. En forgeant une alliance puissante entre les entreprises, les communautés locales, les organisations régionales et internationales, les gouvernements, les donateurs et autres parties prenantes, nous amplifions les efforts de celles et ceux qui vivent et travaillent au sein des communautés rurales les plus essentielles au monde. Notre gestion intégrée des territoires (ILM) illustre parfaitement la manière dont l’action conjointe de tous les acteurs d’un territoire – exploitants agricoles, entreprises forestières, communautés rurales, dirigeants locaux, entreprises et pouvoirs publics – permet de relever des défis qu’il serait difficile d’aborder individuellement.

Ainsi, le fait de disposer d’un système de données intégré pour l’ensemble de nos programmes – de la certification aux interventions dans les territoires – nous permet de créer davantage d’opportunités pour un impact et une transparence accrus. Des données précises et fiables nous permettent de fournir des services de haute qualité pour la mise en œuvre de pratiques agricoles résilientes et durables.

L’ISO, comme la Rainforest Alliance, cherche à apporter des solutions aux défis mondiaux comme l’adaptation aux changements climatiques par le biais d’alliances et de notre capacité à rassembler les différentes parties prenantes. Parmi les nombreuses normes ISO relatives aux changements climatiques, à la réduction des émissions de GES, à la vulnérabilité et à l’adaptation, l’intérêt premier est de disposer d’un cadre international approprié pour mettre en œuvre des stratégies d’adaptation claires.

Le système d’assurance du programme de certification de la Rainforest Alliance s’appuie sur les normes ISO. ISO/IEC 17065 est notre référence pour l’accréditation des organismes de certification et les lignes directrices d’ISO 19011 nous aident à définir certaines des compétences que nous exigeons des auditeurs qui effectuent les audits de la Rainforest Alliance. Par ailleurs, ISO 19011 englobant les systèmes de management environnemental (ISO 14001), nous sommes également en mesure d’affirmer que les détenteurs de nos certificats prennent des mesures pour renforcer leur résilience climatique, y compris en termes d’adaptation.

Ces normes ISO sont un point de référence pour les entités publiques, le secteur privé, les organisations et les communautés. Adopter le même langage, les mêmes objectifs et les mêmes définitions et les intégrer dans leurs propres stratégies et processus contribue à renforcer la confiance, la transparence et la responsabilité. En fin de compte, les partenariats fondés sur la confiance nous permettront de faire évoluer en profondeur certaines des questions sociales et environnementales les plus urgentes de notre époque.

L’adaptation aux changements climatiques n’est pas seulement une question environnementale urgente, c’est aussi un pilier fondamental du développement durable. En investissant et en agissant dès à présent en faveur de l’adaptation aux changements climatiques, nous serons en mesure de renforcer la résilience des systèmes agricoles, de soutenir les petits exploitants et de promouvoir la stabilité économique à long terme.