La Bourse de recherche ISO 2022 finance des travaux visant à identifier des mesures d'adaptation au climat susceptibles de normalisation pour aider à faire face à l'élévation du niveau des mers. La portée de ces mesures d’adaptation est vaste, il peut s’agir de solutions concernant la nature, ou se rapportant aux digues et aux systèmes de drainage. La recherche mobilisera également un large éventail de communautés côtières, dont certaines très vulnérables, qui sont souvent laissées de côté. Voici les cinq questions que nous avons posées aux chercheurs Filippo Grillo et Martijn Wiarda pour mieux comprendre leur travail.
L'élévation du niveau de la mer a de nombreuses implications – quelle est l'approche globale que vous adopterez ?
Filippo: Notre recherche se déroulera en plusieurs phases au cours de l'année prochaine. Nous commencerons par faire l'inventaire des mesures potentielles d'adaptation à l'élévation du niveau de la mer déjà en place. à partir de cet état des lieux nous dresserons une cartographie des normes existantes qui se rapportent à ces mesures. En nous appuyant sur des délibérations à l’échelle mondiale, nous nous attacherons à cerner quelles opportunités sont jugées les plus urgentes et les plus pertinentes au niveau mondial. Il s'agit d'un processus de très grande ampleur. Heureusement, nous serons soutenus dans nos travaux par d'autres chercheurs universitaires, dont Henk J. de Vries (Université Erasmus de Rotterdam), Neelke Doorn (Université de technologie de Delft) et Geerten van de Kaa (Université de technologie de Delft).
Pourquoi est-il important d’avoir une « approche axée sur le dialogue à l’échelon mondial » ?
Martijn: L'élévation du niveau de la mer impacte pratiquement toutes les communautés côtières, mais nous savons qu’elles ne sont pas toutes touchées au même degré, et qu’elles n'ont de surcroît ni les mêmes besoins ni les mêmes capacités. Face à la problématique de la montée du niveau des mers il faut donc être attentif aux contextes locaux et aux conditions socio-économiques, institutionnelles et géographiques uniques qui les caractérisent. Avec notre approche axée sur le dialogue, à côté des experts de la partie, nous entendons essayer d’impliquer également des parties prenantes locales. Leurs expériences sont utiles pour mettre la problématique et les mesures requises en perspective. Ce type d'implication est également important pour obtenir un soutien participatif.
Ce mois-ci, le monde entier se focalise sur la COP27, la réunion des Nations Unies consacrée au climat. Comment votre recherche vient-elle s'inscrire dans le cadre des efforts mondiaux en cours ?
Martijn: Nous n’assisterons pas à la COP27, mais notre travail de recherche s'inscrit dans un débat plus général, celui de l'adaptation climatique en réponse à l'élévation du niveau de la mer. Par exemple, nous nous appuyons sur les rapports du GIEC en cartographiant les mesures d'adaptation, de protection, et de retrait qu’utilisent les professionnels. En outre, notre recherche viendra compléter bon nombre d’initiatives climat, dans la mesure où nous établissons des passerelles pour rapprocher les points de vue des parties prenantes afin de trouver des positions communes pour l'action climatique. Nous créons ainsi une dynamique pour une réponse soutenue collectivement.
Filippo: À côté de la COP27, dont le programme est en partie consacré à l'eau, ce projet cadre avec la finalité de certains ODD des Nations Unies et, notamment, avec les programmes de travail de l'UNDRR et de la Banque mondiale. Nous avons par exemple observé que d'un pays à l'autre les procédures d'évaluation des risques et les systèmes d'alarme diffèrent – or il est impératif de disposer d’un ensemble de règles d'adaptation au climat soutenues au niveau mondial.
Comment pensez-vous que cette recherche peut être développée ou mise en pratique ?
Filippo: Notre recherche vise à signaler aux décideurs les mesures d'adaptation au climat pertinentes au niveau mondial qui mériteraient d’être normalisées. Étant donné que la normalisation s'inscrit dans une démarche consensuelle opérée au sein de comités, nous examinerons les opportunités en matière de normalisation susceptibles de faire l’objet d’un consensus. Ainsi renseignée, l'ISO pourra éventuellement mettre des groupes de travail sur pied pour s’y atteler et rassembler les connaissances éparses en vue de créer de puissants réseaux. Nous avons également l'intention d'impliquer d'autres organismes régionaux et nationaux de normalisation, ainsi que d'autres institutions publiques et privées bien au fait de ces questions.
Regard extérieur
En savoir plus sur la recherche de Fillipo Grillo et Martijn Wiarda à l'Université de technologie de Delft