Une transition énergétique équitable et juste
En repensant l’énergie mondiale, il importe de veiller à assurer une transition verte équitable et inclusive.
La 27e Conférence des parties (COP27) à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) se tient à Charm el-Cheikh, en Égypte, du 6 au 18 novembre 2022. L’ISO et ses membres rejoignent les rangs des acteurs du changement mondial pour mettre en valeur les Normes internationales et montrer comment elles aident à matérialiser les engagements climatiques. Notre couverture de la COP27 offre une vue d’ensemble et des informations plus complètes sur les travaux de l’ISO dans ce domaine, avec des articles de fond ou des documents d’analyse portant à la réflexion.
Le changement climatique est une menace qui pèse sur l’existence même de l’humanité. Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) des Nations Unies, principale autorité internationale en matière de climatologie, a annoncé cette année que le changement climatique cause d’ores et déjà beaucoup de souffrances et d’énormes destructions, et qu’environ 3,5 milliards de personnes sont hautement vulnérables à ses impacts.
Malheureusement, ces personnes vulnérables sont généralement celles qui ont le moins de moyens d’agir en faveur de cette transition vers un avenir plus respectueux de l’environnement. Pour repenser efficacement la production, la gestion et la consommation de l’énergie au niveau mondial, il est important que tout le monde participe et contribue. Chaque voix doit être prise en compte pour assurer une transition juste.
Alerte rouge
Alors que la communauté mondiale se réunit en Égypte pour la COP27, des signes d’alerte avertissent que les actions entreprises sont loin d’être assez rapides. Le Programme des Nations Unies pour l’environnement a fait valoir en octobre que même si les États ont accepté l’an dernier lors de la COP26 de revoir à la hausse leurs ambitions climatiques, ce nouvel engagement ne permettra de réduire les émissions que de 1 % d’ici 2030, alors que, selon les scientifiques, il faudrait pratiquement les réduire de moitié d’ici la fin de la décennie.
Comme le souligne le GIEC, « à moins de réductions immédiates, rapides et massives des émissions de gaz à effet de serre, la limitation du réchauffement aux alentours de 1,5 °C, ou même de 2 °C, sera hors de portée ». Mais la prise de mesures rigoureuses d’une telle ampleur n’est pas réalisable sans une collaboration internationale à grande échelle. Il faut pouvoir compter sur la mobilisation de toutes les parties prenantes – des chefs d’entreprise aux gouvernements – afin de garantir que la transition vers une économie sobre en carbone soit équitable et inclusive, pour ne laisser personne de côté.
Une transition juste
L’un des grands thèmes de la COP27, « une transition énergétique juste et équitable », fera l’objet d’un débat lors de la Journée dédiée à l’énergie, avec l’Afrique en ligne de mire. De nombreux pays africains sont aux prises avec un déficit de financement qui les empêche d’investir dans les infrastructures et les technologies indispensables. Mais le déséquilibre ne s’arrête pas là. Les pays les plus durement touchés par les effets du changement climatique, notamment les petites nations insulaires, ont peu contribué à l’accumulation de gaz à effet de serre dans l’atmosphère. Ils ne sont pas aussi bien placés que d’autres – notamment ceux qui ont connu un développement économique rapide grâce aux combustibles fossiles – pour prendre des mesures et s’adapter au changement climatique.
L’idée fait son chemin que les pays les plus vulnérables au changement climatique devraient avoir davantage voix au chapitre dans la détermination des modalités de l’action climatique. L’ISO entend œuvrer dans ce sens. Son Plan d’action pour les pays en développement vise à soutenir une plus grande participation des pays en développement à l’élaboration de normes ayant trait au climat.
La demande mondiale d’électricité augmente actuellement plus vite que les capacités renouvelables.
La réalité concrète
La demande mondiale d’électricité augmente actuellement plus vite que les capacités renouvelables. C’est donc là un défi majeur, non seulement quant à la manière de produire de l’énergie de façon durable et écologique, mais aussi quant à la manière de la gérer.
Le défi est sérieux, mais il n’est pas impossible à révéler. Selon le Fonds monétaire international, près de USD 6 000 milliards ont servi à subventionner les combustibles fossiles pour la seule année 2020. Une partie de cet argent doit impérativement être réaffectée pour soutenir l’expansion des capacités de production d’énergie verte et, selon les estimations de l’Agence internationale de l’énergie, USD 4 000 milliards par an pourraient suffire. Si la part des énergies renouvelables dans la production mondiale d’électricité peut être multipliée par deux et portée à 60 % d’ici à 2030, le monde sera de nouveau en bonne voie pour atteindre les objectifs de l’Accord de Paris.
À certains égards, dans le cadre des enjeux du changement climatique, la gestion de l’énergie peut être considérée comme un élément « à portée de main », car elle offre des avantages financiers et environnementaux à un coût relativement faible. Par exemple, au Royaume-Uni, la rénovation des bâtiments pour en améliorer le niveau d’isolation a été identifiée comme l’une des formules les plus rentables pour réduire les émissions au niveau national. Hilton, le premier groupe hôtelier mondial à obtenir la certification complète à la norme ISO relative au management de l’énergie (ISO 50001), a pu réduire son intensité énergétique de 20 % et son intensité carbone de 30 %. C’est là non seulement une grande avancée dans la mission écologique de l’entreprise, mais aussi un très bon point pour son bilan.
Les normes constituent une base de confiance étayée par un consensus.
Collaboration sur les normes
La transition continue de progresser et l’énergie positive à l’œuvre est déjà considérable. Les engagements pris dans le cadre de l’Accord de Paris, de la COP26 et de la Déclaration de Londres, de l’ISO, par exemple, illustrent clairement une volonté profonde de changer les choses pour le mieux. Pour y parvenir, il faut un terrain d’entente et des bases solides partagées – définitions, processus et suivi des progrès.
Les Normes internationales – et les organismes de normalisation – ont un rôle important à jouer alors que le monde entier se réunit pour relever ce défi, à la COP27 et au-delà. Les normes constituent une base de confiance étayée par un consensus sur laquelle nous pouvons coopérer pour mettre en œuvre la transition énergétique. Il existe déjà de nombreuses Normes internationales qui fournissent des orientations, notamment pour la mise en œuvre de systèmes d’énergie solaire ou les biocarburants.
L’ISO lancera, lors de la COP27, ses Principes directeurs de la neutralité carbone afin de renforcer son engagement en faveur du Programme d’action pour le climat et de fournir une définition internationalement convenue de la « neutralité carbone », en établissant des mécanismes pour rendre compte des progrès accomplis vers cet objectif.
Le tableau est clair, la situation est désastreuse, mais la volonté de lutter contre le changement climatique est bien réelle – il faut maintenant passer à l’action.