Les meilleures technologies au service de l’action climatique
Il n’y a pas de temps à perdre. Pour accélérer la transition vers la neutralité carbone, la technologie climatique doit être au cœur de la COP27.
Le monde a pris du retard dans son action climatique, et de nouvelles approches plus audacieuses sont indispensables pour respecter les objectifs de l’Accord de Paris. Cela suppose non seulement de recourir à de nouvelles technologies révolutionnaires, mais également d’adopter des mesures innovantes en matière de politiques et de financements, ainsi que pour tous les autres aspects de l’action climatique.
S’exprimant lors d’une séance sur les solutions innovantes pour le climat organisée dans le cadre de la Réunion annuelle de l’ISO à Abu Dhabi, des représentants du monde entier sont convenus de la nécessité de travailler ensemble, quels que soient le type d’organisation, la discipline, le secteur, le pays. Les normes, ont-ils déclaré, contribueront à fournir un socle commun pour l’innovation collaborative.
Promesse technologique
Les nouvelles technologies sont reconnues comme de puissants outils pour agir en faveur du climat. Bien que la technologie de captage et de stockage du carbone (CSC), par exemple, soit encore balbutiante, le dernier rapport du GIEC des Nations Unies reconnaît néanmoins qu’elle doit être déployée à grande échelle pour compenser les émissions difficiles à décarboner et atteindre les objectifs de l’Accord de Paris. Et le CSC n’est que l’un des domaines technologiques où des innovations rapides seraient nécessaires pour réaliser les objectifs climatiques, les autres étant le stockage d’énergie à grande échelle, la production d’hydrogène vert et l’électrification des avions et des navires.
Avec l’émergence de ces technologies, les normes ont un rôle essentiel à jouer pour s’assurer que toutes les parties prenantes (fabricants, pouvoirs publics, organismes de réglementation et consommateurs) utilisent les mêmes définitions et terminologies. Les normes garantissent des technologies adaptées à l’usage prévu. C’est tout particulièrement vrai dans le contexte actuel, où chaque année compte : les normes permettent d’investir, de développer et de déployer rapidement de nouvelles technologies sans compromettre la sécurité.
Au Canada, par exemple, le gouvernement fait preuve de leadership en s’approvisionnant en matériaux de construction à faibles émissions de carbone, y compris pour les produits en ciment et en béton. En Nouvelle-Écosse, la société CarbonCure Technologies Inc. s’est quant à elle donné pour mission de décarboner les émissions liées au béton et de réduire les émissions produites par les matériaux de construction. Sa technologie brevetée permet d’encapsuler de façon permanente le dioxyde de carbone en l’injectant dans le béton frais lorsqu’il est malaxé. Ce procédé permet de produire un béton qui respecte parfaitement, voire surpasse, les exigences de qualité et de résistance pour ces produits, tout en réduisant les émissions de gaz à effet de serre et les coûts de fabrication. Par ailleurs, la norme permettant l’utilisation de dioxyde de carbone injecté dans du ciment est citée en référence dans les codes-modèles nationaux du bâtiment ainsi que dans les versions adoptées au niveau provincial et territorial.
Les nouvelles technologies sont reconnues comme de puissants outils pour agir en faveur du climat.
Au-delà de la technologie
Bien que prometteuses, les technologies climatiques ne suffiront pas et il faudra plus que de l’innovation technologique pour contrer les changements climatiques. Pour la plupart de ces technologies, du captage direct de CO2 dans l’air à l’hydrogène vert, il n’existe en réalité aucune demande, et des politiques novatrices sont nécessaires pour financer leur développement.
« Quand on parle d’innovation, on parle essentiellement de technologie », explique Massamba Thioye, qui représentait le Pôle mondial d’innovation de la CCNUCC lors de la Réunion annuelle de l’ISO. « Mais les défis en matière de climat et de durabilité sont tels que l’utilisation seule de technologies innovantes ne permettra pas de les relever. Il convient d’adopter une approche intégrée qui associera ces technologies climatiques innovantes à des politiques, des modèles économiques, des systèmes de financement et des approches collaboratives novateurs. Il faut également favoriser et mettre à profit l’innovation sociale, parce que c’est bien d’un changement de comportement dont il est question. »
Dans tous ces domaines, et bien d’autres encore, il faudra faire preuve de créativité pour trouver de nouvelles façons, et de meilleures façons, de renforcer l’action climatique. Ainsi, l’une des discussions de cette séance sur l’innovation a porté sur la possibilité de laisser les villes agir comme « fournisseurs de solutions » pour le climat et non pas uniquement comme émetteurs. L’ISO travaille notamment avec la ville de Goyang, en Corée du Sud, sur une approche innovante de quantification du CO2 qui permet de suivre l’évolution de son planning de décarbonation.
Les normes garantissent des technologies adaptées à l’usage prévu.
Des bases pour le changement
Au cours des prochaines décennies, l’innovation climatique va transformer notre façon de vivre et de travailler. Lorsque l’on se lance dans l’inconnu avec de telles approches expérimentales, les normes ISO, qui couvrent toute la palette des actions en faveur du climat, des systèmes de management de l’énergie aux mesures relatives aux émissions de gaz à effet de serre, peuvent offrir une base solide pour garantir le respect des meilleures pratiques.
C’est un avantage essentiel si l’on considère l’importance de la collaboration dans l’action climatique. Les Normes internationales posent des bases communes, par exemple, en proposant une définition normalisée de la « neutralité carbone », ou des lignes directrices sur les mécanismes de responsabilisation et la cohérence des rapports, qui seront présentées lors de la Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques (COP27) d’ici la fin de l’année.
En matière d’action climatique, les promesses sont plus faciles que les actes, notamment du fait des nombreux désaccords sur la façon de procéder. Parce qu’elles sont élaborées au sein d’un vaste écosystème d’experts qui transcende les frontières nationales et les disciplines, les normes ISO constituent une base solide pour nouer des partenariats multisectoriels utiles, et aident à progresser dans la bonne direction.